Le christianisme unitarien en France

Une étude sociologique

 

par Philippe Barbey, Focus sociologique, 2001

 

Sommaire 

1. Problématique de recherche

A.  Le fond socio-chrétien français

B.  Le cas des Témoins de Jéhovah                                                                   

 

2. Méthodologie de recherche

2.1  Recherches dans les bibliothèques

A. Bibliothèques et sites publics et universitaires

B. Bibliothèques et sites confessionnels antitrinitaires

2.2  Recherches dans les archives confessionnelles

A. Archives du mouvement unitarien

B. Archives du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque

C. Archives de l’association philanthropique des Amis de l’Homme

D. Archives des Témoins de Jéhovah

2.3  Etudes sociologiques

A. Analyse de la bibliographie externe concernant les Témoins de Jéhovah

B. Sources sociologiques

2.4  Interrogation directe des groupes chrétiens officiellement antitrinitaires

A. Entretiens avec les représentants du mouvement chrétien antitrinitaire français

B. Grille d’entretien semi-directif

C. Les entretiens avec les responsables antitrinitaires français

 

3. Analyse comparative 

A. Les réponses du mouvement unitarien français

B. Les réponses de l’association philanthropique des Amis de l’Homme 

C. Les réponses du  Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque (MMIL)

D. Les réponses des Témoins de Jéhovah de France

    

Premières conclusions

A. Tableau comparatif

B. Synthèse des réponses

 

 Présentation

Dans le cadre de l’École Pratique des Hautes Études[1], la présente recherche veut s’inscrire dans une démarche purement scientifique. La Section des Sciences religieuses est une institution scientifique pour l’étude des religions[2]. 

  

1. Problématique de recherche 

Depuis  le quatrième siècle, le christianisme antitrinitaire est combattu. Arius est déposé au Concile de Nicée (325). L’arianisme pourtant demeure très vivace surtout en Europe germanique et slave. Au XVIe siècle, la réforme réactive l’antitrinitarisme ; Michel Servet le paye de sa vie. Les sociniens, les unitariens, quoique combattus et persécutés, persistent dans leur foi en un Dieu unique, non trin. L’Angleterre puis les États-Unis constituent un terreau favorable à la survie de ces mouvements. Au XVIIIe, certains membres d’églises protestantes et anglicanes sont gagnés aux idées antitrinitaires. Le bouillonnement du Réveil au XIXe, provoque l’apparition de groupes chrétiens antitrinitaires structurés, particulièrement les Étudiants de la Bible-Témoins de Jéhovah. 

 

Aujourd’hui, il existe en France plusieurs groupes chrétiens officiellement antitrinitaires : les Témoins de Jéhovah (majoritaire) ; deux mouvements issus des Étudiants de la Bible, le Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque (MMIL) et les Amis de l’homme ; l’Association Unitarienne Francophone (AUF) et une ramification, l’Assemblée Fraternelle des Chrétiens Unitariens. Comment expliquer cette survivance ?

 

L’écrasante majorité des Églises chrétiennes est trinitaire. D’ailleurs, pour faire partie du COE (Conseil Œcuménique des Églises), il faut être trinitaire. La Trinité est péremptoirement affirmée comme principe fondamental du christianisme au point de refuser l’appellation de chrétiens aux antitrinitaires. L’histoire des antitrinitaires est faite d’exclusion, de rejet, de luttes, de combats, de résistances, de persécutions. Comment expliquer qu’il y a encore aujourd’hui des chrétiens antitrinitaires ? Se pourrait-il que, sur un plan psychologique,  la foi en un Dieu unique, clairement identifié et nommé, donne à ceux qui la nourrissent une force morale exceptionnelle ? Cela pourrait-il expliquer leur résistance spirituelle acharnée et leur refus du compromis ? 

 

« Le fidèle qui a communié avec son dieu n’est pas seulement un homme qui voit des vérités nouvelles que l’incroyant ignore ; c’est un homme qui peut d’avantage. Il sent en lui plus de force soit pour supporter les difficultés de l’existence soit pour les vaincre. Il est comme élevé au dessus des misères humaines parce qu’il est élevé au dessus de sa condition d’homme ; il se croit sauvé du mal, sous quelque forme, d’ailleurs qu’il conçoive le mal. Le premier article de toute foi, c’est la croyance au salut par la foi. »[3]

  

A. Le fond socio-chrétien français 

En effet, en fond de cette problématique de recherche, s’inscrit le paysage socio-chrétien français. D’un côté, la persistance d’un important groupe chrétien très majoritaire mais non-homogène, branches catholiques et protestantes, ayant en commun cependant la croyance en la Trinité. D’un autre côté, une petite branche chrétienne, dont les Témoins de Jéhovah constitue le rameau majoritaire, partageant la foi en un Dieu unique et, par suite, le refus de la Trinité. Mais, tous ces chrétiens, qu’ils soient trinitaires ou antitrinitaires, sont confrontés aujourd’hui à une nouvelle donne. « En près de deux millénaires d’existence, » explique Pierre Liégé[4], «  le christianisme a été secoué par de nombreuses crises, des ruptures internes, au point qu’on a annoncé plusieurs fois son dépérissement. Sa situation présente apparaît, à cet égard, d’une gravité sans précédent, quasi révolutionnaire. ( …) Jusqu’à une époque récente, le christianisme a bénéficié d’une culture d’imprégnation religieuse qui le rendait culturellement possible et parlant. Depuis la renaissance du XVIe siècle, de façon d’abord limitée mais à présent flagrante, la culture développe une critique, qui devient radicale, de la religion. A la suite des révolutions scientifiques, techniques, sociales, politiques, une attitude de soupçon habite l’homme moderne à l’égard du fait religieux. (…) Même lorsqu’il hésite à devenir athée, l’homme de la culture moderne se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion d’extériorité qu’il accuse d’aliénation intellectuelle, psychologique, éthique ou socio-politique ; il est tenté par l’hypothèse d’une sécularisation dans tous ces domaines où régnait jadis la religion. Un défi gigantesque se prépare donc, adressé à toutes les religions et, pour sa part, au christianisme. »

 

B. Le cas des Témoins de Jéhovah 

Le cas des Témoins de Jéhovah est intéressant dans cette optique de recherche. En 1931, les Étudiants de la Bible changent de nom et prennent celui de Témoins de Jéhovah. C’est sous ce nom qu’ils vont entrer en conflit direct avec le nazisme. Dès 1933, ils sont interdits en Allemagne. Ils seront ensuite cruellement persécutés, par le national-socialisme jusqu’à sa chute, puis par le socialisme soviétique ; tout en continuant à être marginalisés et même opprimés par le christianisme trinitaire [5].

 

Ce mouvement, représentatif du christianisme antitrinitaire, fort de son passé et attaché à un Dieu personnel, peut-il s’intégrer dans le paysage religieux français ? Sur un plan sociologique, est-il intégrable ? Ainsi, ce mouvement religieux minoritaire que sont les Témoins de Jéhovah peut être un analyseur de la situation socio-religieuse de la France, et notamment du fonctionnement du pluralisme religieux à l’aube du troisième millénaire.

 

Controversé dans son propre camp, celui des chrétiens, à cause de son refus de la Trinité, il est aussi sévèrement attaqué par un lobby hétéroclite constitué d’associations dites « anti-sectes », psychanalyste, prêtres, poignée de députés de droite et de gauche, dans un front disparate mais unis pour la disparition d’une marge chrétienne qui a su garder un certain dynamisme évangélique. Ces chrétiens, en effet, se veulent des partisans d’un renouveau. Pierre Liégé commente [6] :

 

« Les artisans de ce renouveau estiment qu’un retour à l’originalité du christianisme, accompagné d’une réinvention du langage évangélique pour aujourd’hui, fourniront des modèles chrétiens qui parleront à l’homme de la nouvelle culture. (…) Cette entreprise de renouveau apparaît intéressante et vraisemblable (…) Si l’entreprise réussit - et il faudra du temps pour en juger – il sera manifeste que la révélation chrétienne de Dieu est vraiment originale et particulièrement parlante pour l’homme devenu adulte, que le christianisme se distingue assez profondément des multiples formes, aujourd’hui menacées, du fait religieux. »

 

2. Méthodologie de recherche 

Dans le cadre de la présente recherche intitulée Les Témoins de Jéhovah  La survivance du christianisme antitrinitaire : une résistance spirituelle pour la foi en un Dieu unique, quatre méthodes de l’analyse ethnosociologique ont été utilisées : la collecte de sources, leur recension, l’entretien semi-directif et l’observation participante. Des recherches minutieuses ont tout d’abord été menées dans des bibliothèques, soit in situ, soit par l’internet. Des contacts physiques, téléphoniques et/ou par courrier ont été pris avec les différents groupes chrétiens antitrinitaires français. Ainsi, une importante documentation confessionnelle a été constituée (envoi et réception de documents  d’archives). Avec leur accord, la bibliothèque de la Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah a été explorée. Les sites internet des Témoins de Jéhovah et de l’Église Unitarienne ont été longuement consultés. Toutes ces sources ont été ensuite étudiées, classées, mises en forme et exploitées. Des entretiens semi-directifs ont été conduits soit face-à-face, soit par téléphone avec des responsables de chacun des mouvements antitrinitaires français suivant un questionnaire permettant ensuite de dresser un tableau comparatif. Des lieux de réunions des Témoins de Jéhovah et des Amis de l’Homme ont été visités dans le cadre d’observations participantes assez longues et étalées dans le temps.

 

« La secte née dans le judaïsme est devenue la religion la plus universelle qu’on ait jamais connue. Qu’on attribue pour une part cette expansion aux chances historiques qu’ont données au christianisme l’Empire romain d’abord, puis la civilisation occidentale n’empêche pas de lui reconnaître un universalisme de principe qu’il s’est attribué dès l’origine. Cet universalisme explique l’importance que revêt le christianisme, du seul point de vue de son influence dans les domaines de la culture, de la vie sociale et politique, de l’éthique. Qu’on le veuille ou non, et quelque jugement critique que l’on porte sur ce fait, le christianisme est indissociable de l’histoire d’une grande partie de l’humanité, l’Asie mise à part. »[7]

 

Le christianisme antitrinitaire est lui aussi indissociable de l’histoire de l’humanité. Il est une composante du christianisme. Qu’en est-il aujourd’hui du mouvement chrétien antitrinitaire français ?

  

2.1 Recherches dans les bibliothèques

« La tâche des chercheurs est rendue difficile par la rareté et la dispersion des sources, peu accessibles par ailleurs. »[8] Les sources sur le christianisme antitrinitaire étant en effet très dispersées, il faut les chercher longtemps et par tous les moyens possibles. En cela, la nouvelle technologie qu’est l’internet avec ses puissants moteurs de recherches s’avère être un outil précieux.

 

A.  Bibliothèques et sites publics et universitaires 

Les librairies en ligne, les catalogues des bibliothèques françaises (Limoges, Paris) et suisses (Genève) ont été plus particulièrement consultés. Les documents ont ensuite été compulsés sur place ou demandés et reçus. Les principaux sites virtuels ou physiques consultés dans le cadre de la présente étude sont :

alapage.com, librairie française par internet, Témoins de Jéhovah, 11 réponses

aol.com, moteur de recherche par internet, unitariens, 11 sites

Bibliothèque Universitaire de la faculté des Lettres et Sciences Humaines de Limoges

Bibliothèque Nationale de France (BNF), Catalogues, Témoins de Jéhovah, 2 réponses

Bibliothèques Universitaires et Scientifiques de Genève

Bibliothèque Publique et Universitaire de la Ville de Genève (BPU)

Bibliothèque de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), Sorbonne, Section des Sciences religieuses, site internet

  

B. Bibliothèques et sites confessionnels antitrinitaires 

Il y a peu de sites ou de bibliothèques confessionnels chrétiens antitrinitaires. Cependant, grâce à l’internet, une somme importante d’informations a pu être collectée. Il n’y a pas à ce jour de site unitarien français, il semble que ce soit à l’étude. Les sites unitariens francophones sont surtout canadiens (Québec). Le site des Témoins de Jéhovah de France est bien construit, extrêmement riche, facilement consultable. Leurs bibliothèques sont très fournies et possèdent des Index de recherche par années et par thèmes et mots clés très pratiques. Le Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque édite un petit catalogue de ses publications. Les Amis de l’Homme possèdent de petites bibliothèques dans leurs salles de réunions. Les principaux sites virtuels ou physiques consultés dans le cadre de la présente étude sont :

 

Église Unitarienne de Montréal, site internet

L’Association Unitarienne Universaliste, site internet

International Association for Religious Freedom (iarf), site internet

Les Témoins de Jéhovah de France, site officiel (internet)

Bibliothèque de la salle du Royaume des Témoins de Jéhovah

Liste des publications du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque

Bibliothèque de la salle de réunion des Amis de l’Homme

 

2.2  Recherches dans les archives confessionnelles

Bernard Blandre remarque :« Si (…) [les Témoins de Jéhovah] acceptaient une collaboration confiante avec le chercheur, bien des imperfections dans ce qu’on publie à leur sujet pourraient disparaître. » [9]  Massimo Introvigne ajoute dans le même sens : « Beaucoup de spécialistes sont probablement irrités par les refus réitérés de la direction des Témoins de Jéhovah d’ouvrir les archives du mouvement aux chercheurs, ce qui rend très difficile l’étude de ses origines. » [10]

 

En ce qui concerne la présente étude les concernant, ainsi que des groupes proches d’eux, il faut reconnaître que toutes les demandes qui ont été formulées auprès d’eux ont été honorées. L’accueil du chercheur a été même chaleureux. Les archives lui ont été ouvertes. Peut-être valait-il mieux soigner leur approche et travailler sur un vrai plan de confiance. La déontologie du chercheur y est pour beaucoup. Faire tabla rasa des préjugés est un  préliminaire indispensable à une étude de ce type. Même si des connaissances historiques ou juridiques peuvent être utiles, il est important que cette recherche s’inscrive dans le cadre de la Section des Sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) qui « bénéficie de plusieurs atouts manifestant sa spécificité, plus que jamais nécessaire pour répondre à la demande sociale et aux exigences scientifiques. Elle dispose d’une longue pratique de plus d’un siècle d’étude systématique des religions, elle bénéficie d’une réelle originalité institutionnelle ; elle occupe une position singulière dans les manières d’aborder, tant en France qu’à l’étranger, l’étude des religions (…) »[11]. 

  

A.  Archives du mouvement unitarien 

L’association Unitarienne Francophone (AUF) et L’Assemblée Fraternelle des Chrétiens Unitariens (AFCU) représentent la mouvance unitarienne en France. Des groupes unitariens existent à Paris, Toulouse, Nancy, Strasbourg, Mulhouse et dans le sud-est de la France. Le président de l’AUF est Jean-Louis Buchert (Ancien de la Fraternité de Lorraine à Nancy). Le président honoraire de l’AFCU est A. Blanchard-Gaillard, le président est P. Codur. L’association Unitarienne Francophone publie  Approches Unitariennes, bulletin intérieur trimestriel de l’association. L’Assemblée Fraternelle des Chrétiens Unitariens publie  Recherches Unitariennes, bulletin intérieur de l’association. Les associations envoient un exemplaire gratuit de leur bulletin à ceux qui le désirent, sur simple demande.

  

B. Archives du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque 

Les droits des publications du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque lui appartiennent. Leur Fondé de pouvoir se trouve à Chester Springs en Pennsylvanie, aux États-Unis d’Amérique. L’éditeur pour la France est le Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque Branche Française à Béthune, dans le département du Pas-de-Calais. Le responsable du mouvement pour la France est M. Hermetz. L’imprimeur des ouvrages reliés est une imprimerie commerciale de Douai, département du Nord. L’auteur principal de ces ouvrages est Paul Johnson, fondateur du mouvement en 1922 et collaborateur de Charles Taze Russell, fondateur des Étudiants de la Bible/Témoins de Jéhovah en 1870. Les écrits de Paul Johnson sont réédités ainsi que les six volumes des Études dans les Écritures écrits par Charles Russell, quelques autres écrits du même pasteur et le Photodrame de la Création . Les prix des livres sont très modiques et reflètent l’esprit désintéressé du mouvement. Le Mouvement publie deux revues bimestrielles L’Étendard de la Bible et La Vérité Présente et Héraut de l’Épiphanie de Christ rédigées par Bernard Hedman. L’Étendard de la Bible se veut à la portée de tous, interconfessionnel dans sa mission et libre de tout sectarisme. La Vérité Présente est l’organe périodique du mouvement. L’édition française est produite par le mouvement lui-même, Branche française, par procédé offset. L’abonnement annuel à chacune de ces revues est d’un coût très faible et facilement abordable. Le mouvement envoie un exemplaire gratuit à tous ceux qui lui font parvenir nom et adresse.

 

C. Archives de L’association Philanthropique des Amis de l’Homme 

L’association Philanthropique des Amis de l’Homme a une adresse dans 10 pays (7 pays d’Europe, ainsi qu’au Mexique, au Brésil et aux États-Unis d’Amérique). Les Éditions de l’Association Philanthropique L’Ange de l’Éternel  se trouve à Cartigny/Genève en Suisse.

L’éditeur pour la France est l’Association Les Amis de l’Homme située à Paris (siège social) et l’administration de l’association est à Draveil, en région parisienne. Un des responsables pour la France est Roland Membert. L’imprimeur des ouvrages reliés est une imprimerie commerciale de Nyon, en Suisse. L’auteur principal de ces ouvrages est F.L.Alexandre Freytag, fondateur des Amis de l’Homme en 1919, responsable du Bureau de la Société biblique Watch Tower à Genève, en Suisse, fondée par Charles Taze Russell, fondateur des Étudiants de la Bible/Témoins de Jéhovah en 1870. Les écrits de Alexandre Freytag sont réédités en trois volumes : La divine révélation, Le message à l’Humanité, et La vie éternelle. Les livres sont laissés gracieusement aux personnes qui en font la demande. Les fidèles et ceux qui le veulent peuvent contribuer dans un esprit philanthropique au soutien de l’association. L’association publie deux revues. Le Moniteur du Règne de la Justice est un bimensuel qui s’annonce comme philanthropique et humanitaire  « pour le relèvement moral et social ». Un numéro spécial (« numéro spécial de propagande, publication gratuite ») est envoyé sur simple demande. Le directeur de la publication est G. Fromentin. Le  Journal pour Tous est une feuille hebdomadaire qui reprend des extraits des écrits de Alexandre Freytag. Le directeur de la publication est Y. Magnan.  L’abonnement semestriel ou annuel est d’un coût très faible. L’association envoie un exemplaire gratuit à ceux qui le désirent, sur simple demande.

  

D. Archives des Témoins de Jéhovah 

Les droits des publications des Témoins de Jéhovah appartiennent à leur société biblique appelée Watch Tower Bible and tract society of Pennsylvania (La Tour de garde société de Bibles et de traités de Pennsylvanie), dans l’état de Pennsylvanie, berceau de leur mouvement. Les auteurs sont généralement anonymes. Il est possible d’obtenir les références des ouvrages universitaires qu’ils citent parfois en écrivant à leur Bureau national. Les responsables de la publication envoient alors le texte en anglais accompagné des références sous forme universitaire et ce, gracieusement. On peut aussi consulter librement leurs ouvrages dans les bibliothèques qui se trouvent dans leurs lieux de culte locaux ou Salles du Royaume. Ils éditent eux-mêmes leurs ouvrages par des bénévoles dans des communautés religieuses, les Béthels (« Maisons de Dieu ») et les fournissent à tous ceux qui en font la simple demande, y compris les congrégations locales des Témoins de Jéhovah. Ils ne demandent aucun paiement. L’œuvre de publication des Témoins de Jéhovah est intégralement bénévole et fonctionne grâce aux dons ou offrandes faites principalement par leurs fidèles et leurs sympathisants. Leurs principales associations éditrices sont la Watchtower Bible and tract society of New York, Inc. (La Tour de garde société de Bible et de traités de New York) et l’International Bible Students Association (Association Internationale des Étudiants de la Bible), toutes deux sises à New York, siège de leur Bureau mondial. Outre des ouvrages reliés, les Témoins de Jéhovah éditent principalement leurs bimensuels associatifs La Tour de Garde, principalement dédié à l’étude biblique personnelle et en groupes locaux et Réveillez-vous !  destiné à un plus large public et traitant de sujets généraux de société. En France, il n’existe pas d’activité d’édition. Les bimensuels La Tour de Garde et Réveillez-vous ! sont imprimés à Londres, par la Watch Tower Bible and tract society, organisme de bienfaisance enregistré en Angleterre. Les ouvrages reliés viennent d’Allemagne (Wachtturm-Gesellschaft, Selters/Taunus, Bureau allemand) ou du Bureau des États-Unis d’Amérique.

  

3. Études sociologiques 

Les études sociologiques sur les mouvements chrétiens antitrinitaires français sont très rares. On ne trouve que très peu de renseignements externes sur le mouvement unitarien, le Mouvement missionnaire intérieur laïque et les Amis de l’Homme. Les sources concernant les Témoins de Jéhovah sont en comparaison beaucoup plus nombreuses mais très éparpillées. Il n’existe que deux livres qui leur sont consacrés écrits par des universitaires. Par contre, toute une littérature polémique a été publiée sur leur compte. Mais ces ouvrages sont tous sujets à caution et n’offrent aucune valeur scientifique. Leur approche est partisane. La bibliographie exhaustive (externe au mouvement) publiée par Bernard Blandre [12] permet une analyse de ces sources  (voir tableau ci-dessous).

  

A.  Analyse de la bibliographie externe concernant les Témoins de Jéhovah

 

 

Total des ouvrages externes                                           187  100%

 

Publications d’ex Témoins de Jéhovah                           14      8%

A manier avec les précautions d’usage  en raison de leur caractère polémique » (p.173)

 

Publications critiques                                                         80    43% 

« une littérature de controverse » (p.174), 

source Église catholique                      28

source protestante                              15

source communiste                              1

 

Publications scientifiques ou documentaires                 93    49%

Bernard Blandre, agrégé d’histoire   20

Régis Dericquebourg                       10

sociologue des religions et de la laïcité au CNRS

Maître de conférences à l'université Lille-Charles de Gaulle                      

 

 

B. Sources sociologiques 

Il n’existe que deux livres en français (catalogue BNF): Les Témoins de Jéhovah, de Bernard Blandre, agrégé d’histoire. L’autre (Les Témoins de Jéhovah)[13] est de Massimo Introvigne, docteur en droit, traduit de l’italien par Philippe Baillet.

 

Bernard Blandre admet : «  Les Témoins de Jéhovah sont bien un rejeton d’une grande famille religieuse (…) Il s’agit donc d’une religion qui, quoique récente [130 ans], occupe une place de plus en plus grande dans le paysage religieux contemporain. » 

 

Il faut noter que les Témoins de Jéhovah ne refusent pas l’analyse de leur mouvement. Mais appartenant à la branche chrétienne antitrinitaire si gravement et si longuement persécutée, ils sont sur leurs gardes. On peut les comprendre. Conscient néanmoins de l’importance d’études sociologiques fiables les concernant, les Témoins de Jéhovah ont voulu faire une part dans cette démarche en commandant une enquête nationale auprès d’un organisme reconnu internationalement pour son sérieux et son expérience dans ce domaine, la SOFRES[14].

 

Bien que cette enquête ne soit pas à proprement parlé une étude sociologique, elle permet néanmoins de tracer un profil des Témoins de Jéhovah. Les conditions de réalisation de cette enquête garantissent sa recevabilité. L’enquête a été menée auprès de 1025 membres et sympathisants des Témoins de Jéhovah, en juillet-août 1998. Le fichier a été constitué par des cartons-réponses remplis par des assistants aux rassemblements d’été des Témoins de Jéhovah (Grenoble, Lens, St Étienne, Brest, Marseille, Villepinte). L’échantillon ainsi obtenu est aléatoire et représentatif de la population de ce mouvement. L’enquête a ensuite été effectuée par téléphone. « Les principaux résultats : (…) les données sociologiques montrent des tendances très proches de celles observées sur la moyenne des Français, ainsi qu’un niveau élevé d’intégration sociale ».  Les conclusions principales de cette enquête ont été étudiées et reprises dans le corpus de la présente recherche.

 

En outre, le consistoire national des Témoins de Jéhovah a publié un audit financier pour répondre aux accusations d’opacité formulées par certains parlementaires à l’encontre de leur mouvement.[15] « Les travaux diligentés sont significatifs : au total, les équipes française et anglaise d’audit ont consacré l’équivalent de 60 semaines aux travaux d’expertise et d’examen des finances et du patrimoine de l’Église nationale des Témoins de Jéhovah de France. Chaque auditeur, à titre individuel, a attesté par écrit sa non-appartenance, présente ou passée, au mouvement des Témoins de Jéhovah. (…) Les conclusions du cabinet Grant Thornton sont éloquentes : « L’examen légal du contrôle fiscal et l’audit réalisé n’ont rien révélé qui puisse indiquer que l’Association est autre qu’une association sans but lucratif. »»

 

Ceci dit, Église minoritaire dans le paysage chrétien français, Église antitrinitaire la plus importante, objet de railleries continues, victime de la désinformation quasiment systématique et du lynchage médiatique, ses responsables ont du mal à accorder leur confiance à un chercheur, quel qu’il soit.

  

4. Interrogation directe des groupes chrétiens officiellement antitrinitaires 

En leur donnant les garanties déontologiques indispensables et en s’appuyant sur la réputation scientifique de la Sorbonne et de sa Section des Sciences religieuses, il a été possible de gagner la confiance des responsables des mouvements antitrinitaires français. Nous souhaitons que ce travail qui veut « leur porter une attention patiente, aiguë et renouvelée dans le cadre d’une institution scientifique destinée à en prendre la mesure avec attention et rigueur, distance et compréhension » ne les décevra pas. Aussi, nous remercions sincèrement les responsables des différents mouvements antitrinitaires français qui ont prêté leur concours franc et sincère à cette recherche. Un premier courrier est envoyé aux présidents des différentes associations. Des réponses rapides sont ensuite arrivées. Toutes très cordiales.

 

« Dans un premier temps, ci-joints 1 ex. de chacune de nos publications, mais dans le même moment, nous communiquons votre courrier à l’un de nos responsables dans votre région à qui vous pourrez poser bien des questions. (…) Nous vous remercions, Cher Monsieur,  pour votre aimable lettre, vous avez raison de vous documenter, aussi nous sommes heureux de vous adresser nos sentiments les meilleurs, par la grâce divine, en notre Cher Sauveur. »- Y. Magnan, Les Amis de l’Homme.

 

« Nous vous remercions (…) et espérons que vous ferez une bonne réception des brochures et documentation. Restant à votre disposition, M. Hermetz et moi-même, vous prions de bien vouloir accepter nos salutations les plus sincères. Bon courage dans vos recherches. » - S. Janczy, Chargé d’expédition pour le MMIL.

 

« En réponse à votre aimable lettre, je vous prie de trouver ci-joint quelques documents. Ceci n’est, bien sûr, nullement exhaustif quant à la théologie unitarienne ou à l’existence de ce mouvement. (…) Vous voudrez bénéficier de toute notre sympathie. » - Association Unitarienne Francophone (AUF), Secrétariat.

 

« Nous répondons volontiers à votre demande concernant la brochure Doit-on croire à la Trinité ? Vous trouverez en annexe le texte anglais de cette brochure, où figure les renvois ainsi que les références bibliographiques. Avec nos vœux de réussite pour votre mémoire, recevez nos chaleureuses salutations. » - Association Cultuelle les Témoins de Jéhovah de France.

 

Après classement de ces courriers et dépouillement des documentations reçues, une étude approfondie en a été faite.

 

A.  Entretiens avec les représentants du mouvement chrétien antitrinitaire français 

Cette première vision du monde chrétien antitrinitaire français permet l’élaboration d’une grille d’entretien. 

 

B.  Grille d’entretien semi-directif 

1)  D’où vient le nom de votre mouvement ?

2)  Depuis quand existe-t-il ?

3)  Comment a-t-il été fondé ? 

4)  Comment est-il organisé ?

5)  Combien êtes-vous de membres en France ?

6)  Quelles sont vos croyances principales ?

7)  La foi en un Dieu unique vous rend-elle différent ?

8)  Comment voyez-vous l’avenir de votre mouvement ?

9)  Comment voyez-vous les autres mouvements antitrinitaires français ?

10) Croyez-vous à une « réconciliation » possible entre les différents mouvements antitrinitaires français ? 

 

C.  Les entretiens avec les responsables antitrinitaires français 

Les entretiens effectués ont d ‘abord été précédés d’un premier contact, soit physique (Amis de l’Homme, Témoins de Jéhovah), soit téléphonique (Unitariens, Mouvement missionnaire Intérieur Laïque) étant donné l’éloignement de ces deux derniers groupes, avec des responsables de chacun de ces mouvements. Ces entretiens ont été ensuite conduits, soit face-à-face, soit par téléphone, avec des responsables ou des membres de chacun des mouvements antitrinitaires français.  Les informations ainsi recueillies ont été notées, classées,  analysées et utilisées dans le corpus de la présente recherche. Tous les entretiens ont été cordiaux. Les principaux entretiens durant lesquels les questions de la grille prévue ont été posées ont duré environ 5 heures. Si on ajoute les entretiens secondaires, plus informels, plus courts mais plus fréquents, le temps total passé en entretiens informels et semi-directifs est d’environ 10 heures. Les réponses ont été claires et franches. L’analyse comparative et les tableaux qui suivent constituent les premiers résultats bruts obtenus. 

 

3. Analyse comparative 

A.  Les réponses du mouvement unitarien français 

1)  D’où vient le nom de votre mouvement ?

Nous nous rattachons au mouvement unitarien historique. L’Association Unitarienne francophone (AUF) est une fédération qui regroupe les différentes communauté unitariennes. Nous sommes une branche du mouvement unitarien international dont le Centre est à Boston.

2)  Depuis quand existe-t-il ?

Depuis le synode de Venise en 1550, environ 50 communautés étaient représentées.

3)  Comment a-t-il été fondé ? 

Nous nous rattachons historiquement au protestantisme libéral.

4)  Comment est-il organisé ?

Les Fraternités sont organisées comme des Églises protestantes. Chaque Fraternité est dirigée par un ancien (un pasteur) et un conseil presbytéral (les conseillers presbytéraux sont des membres engagés dans le mouvement, hommes ou femmes), la plupart des Fraternités par un collège d’anciens. Les anciens sont élus par la Fraternité locale. Ce sont souvent des personnes qui travaillent, qui sont en contact direct avec la vie active. Un ou plusieurs diacres (hommes ou femmes) s’occupent des œuvres caritatives (à Nancy, ils travaillent avec Médecins du monde). C’est la communauté qui impose les mains aux anciens qui décident ensuite de tout. L’entrée dans la Fraternité est concrétisée par le baptême des adultes majeurs par immersion. La sainte Cène est pratiquée environ une fois par trimestre.

5)  Combien êtes-vous de membres en France ?

Les Unitariens francophones (Suisse, Belgique, France) sont environ 200 personnes (pour 81 adhérents à l’AUF). L’Association Française des Chrétiens Unitariens (AFCU) compte très peu de membres (une dizaine ?). Cette association est une dissidence de l’AUF.

6)  Quelles sont vos croyances principales ?

Nous croyons à un Dieu Unique, le Très-Haut, le Seigneur, l’Éternel. Il n’y a pas d’intermédiaire entre Dieu et les hommes. Jésus est un prophète parmi les prophètes, un messie, pas le Messie. Nous croyons, un peu comme les juifs, que le Messie viendra certainement. Nous sommes Chrétiens dans le sens que nous nous voulons être disciples du Christ, mais pas dans le sens d’accepter les autorités religieuses chrétiennes. Nous ne nous assimilons pas à l’ensemble du monde chrétien. Nous ne croyons pas au sacrifice du christ. Son obéissance fut une bénédiction pour Israël et pour l’humanité. Mais, nous ne voyons aucune sotériologie dans le personnage du Christ. Ce n’est pas essentiel. Ce qui l’est, c’est la foi en un Dieu unique, la repentance, la conversion, dans une humilité absolue. C’est la reconnaissance qu’il est celui qui exerce la guidance dans notre vie. Mais, il peut y avoir différentes appréciations selon les Fraternités.

7)  La foi en un Dieu unique vous rend-elle différent ?

Les unitariens sont présents principalement aux États-Unis, en Transylvanie et en Hongrie. Les Unitariens d’occident sont environ 350.000. Dans le monde, en tenant compte des protestants libéraux qui se réclament de l’unitarisme, on peut estimer leur nombre à environ trois millions. Pour les unitariens, la Bible a été écrite par des gens inspirés par Dieu certainement, mais elle n’est pas LA parole de Dieu. Toutes les Écritures sacrées, la nature, sont paroles de Dieu. Le Coran est un commentaire lui aussi inspiré des Écritures. C’est un livre de sagesse, un commentaire des Écritures précédentes.

8)  Comment voyez-vous l’avenir de votre mouvement ?

Je ne sais pas. En tant que président de l’association, je pense que l’Unitarisme répondra à la quête spirituelle d’une majorité de gens. Un sondage SOFRES montrait que beaucoup de catholiques et de protestants se définissent comme des unitariens.

9)  Comment voyez-vous les autres mouvements antitrinitaires français ?

Avec sympathie. J’ai rencontré il y a 30 ans un Ami de l’Homme. J’ai été très surpris du culte qu’ils font de certaines personnalités. Quant aux Témoins de Jéhovah, leur formalisme est gênant, leurs interprétations orientées des Écritures, leurs affirmations abusives comme sur le refus des transfusions de sang. Mais, je pourrais dire la même chose de l’ensemble des Églises protestantes qui tracent un cadre et font ensuite correspondre la Bible à ce cadre préétabli.

10) Croyez-vous à une « réconciliation » possible entre les différents mouvements antitrinitaires français ?

Pour qu’il y ait réconciliation, il faudrait qu’il y ait conflit. Hors, ce n’est pas le cas. Je discute régulièrement et en toute sérénité avec les Témoins de Jéhovah et nous prions ensemble à la fin de nos discussions. Avec les Amis de l’Homme, il y aurait peut-être des possibilités, pourquoi pas ? Il ne faut pas oublier non plus les Quakers qui, pour certains, sont unitariens.

 

Durée de l’entretien principal : environ 1h00.

 

B.  Les réponses de l’association philanthropique des Amis de l’Homme

1)  D’où vient le nom de votre mouvement ?

Le vrai nom de notre mouvement c’est L’Ange de l’Éternel, mais ce nom n’a pas pu être enregistré ainsi en France. En Suisse, c’est le nom qu’il porte. Nous avons donc pris le nom d’Amis de l’Homme, parce qu’il s’inspire d’un passage de l’Apocalypse, d’une vision de Saint Jean dans laquelle il voit un ange voler dans le ciel tenant un livre dans la main. L’ange a un pied sur la terre et un autre dans la mer. Le livre qu’il tient c’est La divine révélation (écrit par Alexandre Freytag en 1920). Alexandre Freytag est L’Ange de l’Éternel. Le nom d’Amis de l’Homme insiste néanmoins sur le fait que l’amour parfait seul donne la vie sans fin sur la terre et au ciel.

2)  Depuis quand existe-t-il ?

 1916.

3)  Comment a-t-il été fondé ? 

Notre mouvement est né suite à la persécution par les Étudiants de la Bible. Il fallait poursuivre le travail de sanctification, arriver au changement total du caractère, changement qui est une condition inhérente à la prêtrise. Il n’était plus possible de suivre les errements dans les interprétations des Étudiants de la Bible. Il fallait inaugurer une nouvelle étape spirituelle pour le petit troupeau engendré de l’esprit et uni à l’Agneau de Dieu dans son sacrifice et pour ceux qui sont appelés à une vie sans fin sur la terre, qui doivent changer leur caractère totalement mais avec le sacrifice en moins.

4)  Comment est-il organisé ?

Il n’y a pas de hiérarchie, nous sommes des évangélistes qui travaillent en collectivité dans une estime totale des uns des autres, dans le cadre de relations totalement pures, dans l’amour total et parfait. Nous formons des groupes dirigés par un ou une responsable, frère ancien ou sœur ancienne ou des anciens en couples mariés. Les anciens (ou anciennes) sont nommés selon leur maturité spirituelle, par la Gestion suisse. Cette Gestion est formée de plusieurs membres âgés qui ont connu Alexandre Freytag, dont la responsable générale de l’œuvre  Mademoiselle Ruth Cavin. La collectivité se trouve à Cartigny en Suisse où se situe aussi   l’imprimerie. Les groupes sont visités deux fois par an par des anciens plus expérimentés venus de Suisse qui tiennent des réunions d’encouragement, mais il y a pénurie de ces anciens. Il y aussi des congrès trois à quatre fois par an.

5)  Combien êtes-vous de membres en France ?

Le dernier congrès francophone tenu à Genève début décembre 2000 a regroupé environ 350 personnes venues de France principalement et aussi de Suisse francophone et d’autres pays.

6)  Quelles sont vos croyances principales ?

L’œuvre du Christ consiste en une œuvre de paiement pour lui-même et pour son petit troupeau. Il faut refuser les imitations produites par le dieu de ce monde, par les différentes obédiences qui ne vivent pas entièrement la vérité. Il n’y a qu’un seul Dieu, Jéhovah le Tout-puissant. Le petit troupeau et la grande multitude iront au ciel (selon le récit de l’Apocalypse). Le changement par le règne du Christ arrivera très bientôt, dans quelques années, cinq ou dix ans au plus. Une nouvelle société se mettra en place. Harmaguédon est une image, ceux qui seront détruits seront néanmoins ressuscités sauf ceux dont la honte est trop manifeste. Ceux-là, Dieu juge qu’ils ne sont pas réformables. En 1914, Laodicée fut rejetée et il fallut lui trouver des remplaçants pour que le nombre des élus soit plein (144.000). Aujourd’hui, il faut parfois que certains remplacent encore ceux qui auraient fait défection. Ce sont d’une certaine manière des remplaçants de remplaçants. Nous vivons actuellement un temps de patience de la part de Dieu.

7)  La foi en un Dieu unique vous rend-elle différent ?

Il n’y a qu’un seul Dieu, le Tout-puissant. Travailler au changement de son caractère n’est pas l’apanage d’un grand nombre. C’est une action émanant de la volonté divine. Le petit nombre est un gage. Ceux qui appartiennent à de grands mouvements n’ont pas la concentration nécessaire pour leur sanctification.

8)  Comment voyez-vous l’avenir de votre mouvement ?

L’avenir est décrit dans le livre Message à l’humanité. Les derniers élus donnent naissance à l’Armée de l’Éternel composée de ceux qui ont été scellés, qui ont remportés une victoire totale sur leur caractère. On les compare à la petite armée de Gédéon. Ils seront les cadres de l’humanité à laquelle ils montreront l’exemple. Ils seront les premiers à atteindre la vie éternelle.

9)  Comment voyez-vous les autres mouvements antitrinitaires français ?

La divine révélation parle de trompettes. Ces trompettes représentent les mouvements qui cherchent la vérité. Ils sont composés de personnes sincères et militantes. Elles ne sont pas dans Babylone mais elles ne sont pas au clair à tous égards. Les Étudiants de la Bible font des recherches très poussées.

10) Croyez-vous à une « réconciliation » possible entre les différents mouvements antitrinitaires français ?

La réconciliation se fera quand l’esprit viendra sur toute chair. En attendant, il est mieux que chacun reste dans ses pensées pour ne pas être déstabilisé par le diable. Chacun peut militer selon sa conscience et faire tout le bien qu’il peut jusqu’à ce que l’esprit vienne.

 

Durée de l’entretien principal : environ 1h00.

  

C.  Les réponses du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque (M.M.I.L)

1)  D’où vient le nom de votre mouvement ?

Le nom Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque vient d’une Tour de Garde [16]. C’est le pasteur Charles Russell lui-même qui dénommait ainsi l’œuvre consistant à la création de nouvelles Classes (ecclésias ou congrégations).

2)  Depuis quand existe-t-il ?

Le Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque existe en tant que tel, séparé des Étudiants de la Bible rattachés à La Watch Tower Bible and Tract Society,  depuis 1922 avec la parution d’un document intitulé Redressement nécessaire. Le premier groupe distinct s’appelait les Étudiants de la Bible de Denain. Il se réunissait chez frère Larvent, 115 rue Ludovic Trarieux. Les groupes portaient des noms différents mais à compter de 1926, beaucoup prirent le nom du Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque. Paul Johnson, fondateur du mouvement,  les visita en 1928. Aujourd’hui encore certains groupes portent des noms différents comme le Cercle d’Étude Biblique de Bailleul. Très peu d’ecclésias sont constituées en loi association 1901. Des groupes se sont donnés une capacité juridique quand il s’agissait de construire un lieu de culte, par exemple à Auchel, Béthune ou en 1971, à Barlin.

3)  Comment a-t-il été fondé ? 

Plusieurs membres de l’ecclésia des Étudiants de la Bible qui se réunissait à Denain n’ont pas accepté la nouvelle direction de la Watch Tower Bible and Tract Society. Paul Johnson, collaborateur du pasteur Russell, avait contesté l’élection de Joseph Rutherford comme président de la Watch Tower et  la nouvelle direction qu’il donnait désormais au mouvement fondé par le pasteur Charles Russell. Des représentants français se sont donc rangés du côté de Paul Johnson et ont publié le 1er septembre 1922 un document intitulé Redressement nécessaire. Lors de deux réunions, tenues les 10 septembre et 24 septembre 1922, le groupe de Denain s’est séparé. Une courte majorité des membres est restée fidèle à la Watch Tower et à ses représentants, l’autre moitié a fondé son propre groupe, les Étudiants de la Bible de Denain. Ce groupe s’est réuni jusqu’en 1950 chez frère Larvent, jusqu’à la mort de ce dernier. Il semble qu’il se soit réuni ensuite chez son fils. D’autres groupes ont vu le jour suite à cette séparation, environ 60. Mais beaucoup d’entre eux ont disparu progressivement.

4)  Comment est-il organisé ?

En France, c’est M. Hermetz qui est le représentant officiel du mouvement. Il est aussi le président de l’association déclarée. Il a été désigné à ce poste par le responsable principal aux États-Unis d’Amérique, Bernard Hedman. Après la mort de l’initiateur du mouvement, Paul Johnson, c’est Raymond Jolly d’origine française, qui lui a succédé, puis August Gohlke, d’origine allemande. Tous ces hommes furent des collaborateurs de Paul Johnson. Bernard Hedman, déjà âgé aujourd’hui, est entouré d’une équipe. La direction américaine nomme des Pèlerins qui visitent les ecclésias de différents pays et des Pèlerins auxiliaires, qui visitent principalement les ecclésias de leur propre pays.  Dans les ecclésias locales, la direction est assurée par un ou plusieurs anciens. Ils sont eux-mêmes aidés par des diacres et des diaconesses. Les diaconesses, selon leurs capacités, s’occupent de la trésorerie ou du secrétariat. Des évangélistes amènent les personnes qui le désirent à l’étude de la Bible. Les anciens se réunissent régulièrement, et proposent ensuite leurs directives à l’ensemble de l’ecclésia. Ce sont les membres de l’ecclésia qui ensuite entérinent (ou n’entérinent pas les décisions des anciens ) par vote à main levée. Les anciens président les réunions de l’ecclésia : réunions d’exhortation, études doctrinales, réunions de témoignage, études béréennes (par questions et réponses).  Les membres des ecclésias locales se  retrouvent en Convention trois ou quatre fois par an.

5)  Combien êtes-vous de membres en France ?

En 2000, la convention d’octobre, tenue à Barlin,  a regroupé 140 à 160 assistants. Beaucoup des tous premiers membres sont aujourd’hui très âgés ou décédés. Le Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque compte environ 300 membres en France, surtout concentrés dans les groupes du Nord-Pas-de-Calais. Néanmoins, d’autres groupes existent en Vendée, Massif Central, Saint-Étienne, région de Nice et région de Toulouse.

6)  Quelles sont vos croyances principales ?

Nous croyons en un seul Dieu, Jéhovah. Jésus, son fils, qui lui est subordonné et qui est la première créature de Dieu, a donné sa vie en rançon pour toute l’humanité. Nous pratiquons le baptême par immersion. Notre principale fête religieuse annuelle est la Pâque ou souper-mémorial durant lequel les consacrés boivent le pain sans levure et le vin.  Le Millénium a commencé en 1874 et se terminera donc en 2874. Le jugement de l’Église s’est effectué au début de cette période millénaire, de 1874 à 1914/1916. En 1914, les 144000 élus ou consacrés au complet étaient scellés. Ils régneront avec Jésus-Christ au ciel. Depuis, si certains d’entre eux font défection, ils sont ponctuellement remplacés. Puis a commencé le jugement de la Grande foule. Cette seconde période de jugement s’est terminée vers 1979 avec la mort du dernier membre de cette classe appelée au ciel,  Raymond Jolly. Nous vivons la Bataille d’Harmaguédon depuis 1914. Les signes du temps de la fin s’accomplissent depuis cette date (Évangile selon Matthieu, chapitre 24). Ensuite, la terre redeviendra progressivement un paradis. Le réveil, la résurrection, commencera avec le retour à la vie des anciens dignes, les patriarches du passé comme Abraham, Jacob ou David. Cette résurrection commencera en Israël.

7)  La foi en un Dieu unique vous rend-elle différent ?

Il est certain que nous sommes perçus différemment. A une époque, nous achetions en gros des Bibles version Segond à la Maison de la Bible. Un jour, le vendeur a demandé si nous croyions que le Christ est immortel. Nous lui avons répondu simplement : « Maintenant, oui. » Le vendeur a bien compris notre réponse pourtant si courte. Il a compris que nous croyons que désormais Christ est immortel, mais qu’il ne l’était pas avant sa venue sur terre. Du coup, cette simple réponse a suffi pour qu’on nous refuse par la suite tout achat de Bible !

8)  Comment voyez-vous l’avenir de votre mouvement ?

Il y a des jeunes dans nos rangs qui cherchent à mieux connaître les origines du Mouvement. Parmi eux, certains sont évangélisateurs et se donnent pour le Mouvement. Ils représentent la relève.

9)  Comment voyez-vous les autres mouvements antitrinitaires français ?

Les Témoins de Jéhovah pratiquent une excommunication trop sévère. Nous ne sommes pas du tout d’accord avec leur organisation. Nos ecclésias sont totalement libres de leur mouvement, pas leurs congrégations.

10) Croyez-vous à une « réconciliation » possible entre les différents mouvements antitrinitaires français ?

Quand les Témoins de Jéhovah prêchent par exemple qu’il n’y a qu’un seul Dieu, que la Trinité n’existe pas ou que l’âme est mortelle, ils font du bon travail. Nous ne leur mettrons pas les bâtons dans les roues. Il y aura une réconciliation entre les membres du Mouvement missionnaire Intérieur Laïque et les Témoins de Jéhovah « dans le millénium ».

 

Durée de l’entretien principal : environ 1h30. 

 

D. Les réponses des Témoins de Jéhovah de France 

1)  D’où vient le nom de votre mouvement ?

De la Bible, Isaïe 43, 10 où l’on trouve l’expression « Vous êtes mes témoins, c’est là ce que déclare Jéhovah. » Nous avons pris ce nom en 1931 pour nous démarquer d’autres groupes qui se disaient aussi Étudiants de la Bible, mais aussi parce que nous témoignerions davantage pour le nom de Dieu qui est Jéhovah. Dans le Notre Père, Jésus dit « Que ton nom soit sanctifié. » Pour que le nom de Dieu puisse être sanctifié, il faut le faire connaître. C’est pour cette raison que nous le portons.

2)  Depuis quand existe-t-il ?

A l’époque moderne, en 1870 avec le pasteur Russell. Nous portions à ce moment-là le nom d’Étudiants de la Bible. Et donc, en 1931, nous avons pris le nom de Témoins de Jéhovah. Mais, la Bible dit qu’il y a eu des témoins de Jéhovah depuis Abel, un des fils d’Adam et Eve.

3)  Comment a-t-il été fondé ? 

Le pasteur Russell a formé progressivement un petit groupe d’Étudiants de la Bible à Pittsburgh en Pennsylvanie, aux États-Unis. Ils se réunissaient régulièrement pour étudier la Bible et comparer le fruit de leurs recherches. A partir de là, sont apparus les premiers Étudiants de la Bible. Charles Russell publia ensuite les résultats des recherches bibliques de son groupe dans La Tour de Garde. Le premier numéro parut en 1879 et nous étudions toujours ce périodique bimensuel aujourd’hui. Le titre complet de ce périodique est La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah.

4)  Comment est-il organisé ?

Le collège central est composé d’un groupe d’hommes que nous disons  oints de l’esprit de Dieu et que Jésus désigne dans l’évangile selon Matthieu 24, 45 sous l’expression de « l’esclave fidèle et avisé ». Ce Collège central supervise l’œuvre de prédication mondiale. Cette œuvre est relayée par des bureaux qui se trouvent dans différents pays du monde, les Béthels, Béthel voulant dire Maison de Dieu en hébreu. On y imprime différents ouvrages chrétiens, La Bible, La Tour de Garde, Réveillez-vous ! que l’on distribue dans le cadre de notre prédication. Les Béthels envoient dans les congrégations des ministres itinérants ou ‘surveillants’ itinérants. Ce sont des anciens qui ont déjà de l’expérience et qui se déplacent pour encourager les congrégations locales et nous donner des nouvelles d’autres congrégations. Les congrégations locales sont dirigées par des collèges d’anciens et des assistants ministériels (ou diacres) qui les secondent dans des tâches plus administratives. Les anciens sont proposés sur la base des conditions requises par la Bible, dans la lettre de Paul à Timothée chapitre 3, versets 1 à 7 et dans la lettre de Paul à Tite chapitre 1, versets 5 à 9. Ils sont ensuite nommés par les responsables des Béthels représentant le collège central. Pour les assistants ministériels, c’est la même chose. Pour ces propositions, l’avis de la congrégation est recueilli.

5)  Combien êtes-vous de membres en France ?

Environ 120 000 proclamateurs, c’est-à-dire des Témoins de Jéhovah qui prêchent le royaume de Dieu. En comptant tous les Témoins de Jéhovah et les sympathisants, nous sommes peut-être 300 000. J’entends par sympathisants des personnes qui apprécient la lecture de nos périodiques, qui se réunissent de temps en temps avec nous ou qui assistent au Mémorial de la mort de Jésus chaque année. Il est vrai que certains d’entre nous se sont relâchés dans la prédication mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont renié leur foi. C’est une situation qui peut arriver. Mais l’accroissement mondial est là et prouve que nous continuons à progresser.

6)  Quelles sont vos croyances principales ?

Nous croyons que Jéhovah est Dieu, le Créateur de toutes choses, que Jésus-Christ est son fils qui a donné sa vie pour racheter l’humanité, donnant ainsi à chaque être humain la possibilité de se réconcilier avec son créateur. Jésus est le Roi du royaume de Dieu et c’est ce royaume qui durera mille ans qui transformera bientôt la terre en paradis. A la fin des mille ans, l’humanité sera parfaite comme l’était Adam et Eve avant le péché. L’esprit saint de Dieu est sa force agissante par laquelle il réalisera toutes ces choses.

7)  La foi en un Dieu unique vous rend-elle différent ?

Certainement, en ce sens que Dieu est une personne pour nous, presque tangible. Lorsqu’on s’adresse à lui dans nos prières, on est rassuré parce que c’est une seule personne. Mais, nous adressons toujours nos prières par l’intermédiaire de Jésus. En quelque sorte, il fait office d’avocat entre nous et son Père à cause de notre imperfection. Dieu est unique pour nous dans le sens qu’il a un nom qu’il s’est donné lui-même, et que, dans son amour qu’il a manifesté envers l’humanité, il a donné en sacrifice ce qu’il avait de plus précieux, son propre fils. Nous cherchons sincèrement à pratiquer ce que nous croyons.  Aimer notre prochain comme nous-mêmes nous amène par exemple à refuser toute participation aux conflits armés, et nous pousse, de la même manière, à aller parler à nos contemporains de l’espérance que nous avons d’un monde meilleur. Nous sommes très sensibles aux souffrances de l’humanité et nous faisons aussi ce que nous pouvons, au plan humanitaire, pour soulager ceux qui souffrent.

8)  Comment voyez-vous l’avenir de votre mouvement ?

Nous pensons, comme le dit la Bible, que Jéhovah Dieu veut qu’un maximum de gens soit sauvé. L’apôtre Pierre en 2 Pierre 3, 9 dit que Dieu est patient avec nous parce qu’il ne veut pas que qui que ce soit périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance. La porte est ouverte à tous. Nous pensons avoir un avenir prometteur.

9)  Comment voyez-vous les autres mouvements antitrinitaires français ?

Ce sont des gens très courageux. Ce sont des  mouvements qui, comme nous, en toujours été persécutés. Nous nous sentons proches d’eux parce que nous croyons tous en un Dieu unique, Jéhovah. Cependant, je suis peinée que le mouvement unitarien ne croit pas en la rançon du sacrifice de Jésus pour l’humanité parce que sans ce sacrifice, on ne peut pas espérer un monde meilleur. Comment les unitariens peuvent-ils se dire chrétien tout en niant le sacrifice du Christ ? Je ne sais pas.

10) Croyez-vous à une « réconciliation » possible entre les différents mouvements antitrinitaires français ?

Je ne crois pas. Nos pratiques et notre compréhension diffèrent trop. Maintenant, seul Dieu peut dire l’avenir. Néanmoins, si je rencontrais, dans le cadre de la prédication, un Unitarien, un Ami de l’Homme ou un autre chrétien antitrinitaire, je serai heureuse de pouvoir échanger nos points de vue en toute honnêteté et dans l’esprit du christianisme.

 

Durée de l’entretien principal : environ 1h15.

  

Premières conclusions

A. Tableau comparatif

 

    Tableau comparatif      

Critères

Les Unitariens

Les Témoins de Jéhovah

 

Les Amis de l’Homme

Le Mouvement Missionnaire Intérieur Laïque

1.     nom 

Mouvement unitarien historique

Un passage d’Isaïe ( 43 :10)

L’Ange de l’Eternel : inspiré d’un passage de l’Apocalypse

Tiré de La Tour de Garde (Layman’s Home Missionary Movement)

2.     date

Synode de Venise, 1550

 

1870

1916

1922

3.  fondation

Michel Servet

Charles Russell

Alexandre Freytag

Paul Johnson

4.écclésiologie

Fraternités dirigées par un Ancien (pasteur) et un Conseil presbytéral ou par un Collège d’Anciens élus par les fidèles.

Congrégations dirigées par un Collège d’Anciens proposés par la congrégation et  nommés par le Collège central.

Groupes dirigés par un frère Ancien ou une sœur Ancienne ou des Anciens en couples mariés nommés par la Gestion Suisse.

Les ecclésias sont sous la direction d’un ou plusieurs anciens. Les membres de l’ecclésia entérinent ou n’entérinent pas les décisions des anciens par vote à main levée.

5.   nombre

200

300  000

350

300

6.  croyances

Dieu Unique, Jéhovah.

Pas de Trinité

 

Dieu Unique, Jéhovah.

Pas de Trinité

 

Dieu Unique, Jéhovah.

Pas de Trinité

 

Dieu Unique, Jéhovah.

Pas de Trinité

 

 

Disciples du Christ :

Jésus est l’exemple à suivre un prophète, un

messie, pas le Messie. Le Messie viendra. Pas de sotériologie dans le personnage du Christ.

 

Sainte Cène

plusieurs fois par an

 

Disciples du Christ :

Jésus est le fils de Dieu, le roi du Royaume de Dieu. Il est le sacrifice rédempteur de l’humanité, sotériologie affirmée :

 

 

Mémorial (Pâque)

annuel

 

 

Disciples du Christ :

Jésus est le fils de Dieu. L’œuvre du Christ consiste en une œuvre de paiement pour lui-même et pour son petit troupeau, sotériologie affirmée :

 

 

Souper du Seigneur (Pâque) annuel

 

 

Disciples du Christ :

Jésus, fils de Dieu, à qui il est subordonné et qui est la première créature de Dieu, a donné sa vie en rançon pour toute l’humanité,

sotériologie affirmée :

 

 

Pâque ou souper-mémorial

annuel

7. différence

Protestants libéraux

Chrétiens en cohérence avec les principes de la Bible

 Changement du caractère 

Des chrétiens différents

8.   avenir

 

L’Unitarisme répondra à la quête spirituelle d’une majorité de gens.

Beaucoup de catholiques et de protestants se définissent comme des unitariens.

L’accroissement du nombre des Témoins de Jéhovah est régulier.

Tassement de l’effectif des proclamateurs (militants) mais ce n’est pas la première fois qu’un tel phénomène s’observe dans notre histoire.

L’avenir est décrit dans le livre Message à l’humanité.

 

Les derniers élus donnent naissance à l’Armée de l’Éternel composée de ceux qui ont remportés une victoire totale sur leur caractère.

Il y a des jeunes dans nos rangs qui cherchent à mieux connaître les origines du Mouvement.

Parmi ces jeunes, certains sont évangélisateurs et se donnent pour le Mouvement. Ils représentent la relève.

  

9. œcuménisme  antitrinitaire

Sympathie.

Amis de l’Homme : Surpris du culte de personnalités. Témoins de Jéhovah : formalisme  gênant, affirmations abusives (refus des transfusions sanguines), interprétations orientées des Écritures.

 

Ces mouvements nous sont proches au moins pour les Amis de l’Homme. Ils sont courageux. 

Unitariens : refus du sacrifice rédempteur du Christ gênant pour pouvoir se réclamer du christianisme.

 

La divine révélation parle de trompettes qui représentent les mouvements qui cherchent la vérité. Ils sont composés de personnes sincères et militantes. Elles ne sont pas dans Babylone mais elles ne sont pas au clair à tous égards. Les Étudiants de la Bible font des recherches très poussées.

 

Pas d’accord avec le mode d’organisation des Témoins de Jéhovah et avec l’excommunication trop sévère.

10. réconciliation antitrinitaire

Nous discutons avec les Témoins de Jéhovah et prions ensemble.

Nous sommes heureux de prêcher à tous.

Quand l’esprit viendra sur toute chair.

Les Témoins de Jéhovah font du bon travail. Il y aura réconciliation dans le Millénium.

  

 

B. Synthèse des réponses

En analysant ces premiers résultats, on peut dégager les caractéristiques théologiques et historico-sociologiques du christianisme antitrinitaire :

 

1.  Unitarisme, Dieu est un, il n’est pas Trinité (antitrinitarisme),

2.  Adventisme,  attente du retour du Messie à la fin des temps,

3.  Messianisme, attente de la venue du Messie rédempteur qui mettra fin à l’ordre actuel des choses pour instaurer un monde nouveau fait de justice et de bonheur,

4. Millénarisme, attente du Royaume messianique de mille ans qui restaurera le paradis sur la terre.

 

Si ces doctrines sont toutes des caractéristiques du christianisme premier (nous le verrons dans l’approche historico-critique), il faut bien admettre qu’elles ont été gommées en tant que telles dans les grandes religions chrétiennes catholiques ou protestantes. Il semble que les fidèles, en général, n’attendent plus grand chose d’un avenir « religieux »: ni seconde venue du Messie, ni rétablissement d’un monde de justice par son intervention, ni son règne millénaire réinstaurant le paradis sur la terre, même si officiellement leur religion professe toujours ces croyances.

 

Le christianisme antitrinitaire, quant à lui, continue de proposer avec insistance cette eschatologie à ses fidèles. Et cette espérance concrète induit une adhésion forte encore augmentée par le sentiment de l’urgence des temps. Cette adhésion est renforcée par la certitude d’avoir un lien privilégié avec un Dieu personnel, clairement identifié et nommé. Ce sentiment, enfin, est conforté par la résistance opposée au mouvement antitrinitaire par les grandes religions chrétiennes trinitaires.

 

Mais, face, en France particulièrement, ‘à la critique de plus en plus radicale’ de forces coalisées désirant recourir à la violence juridique de lois d’exception contre cette marge antitrinitaire du christianisme capable peut-être de revitaliser la religion chrétienne, le camp des chrétiens saura-t-il faire front commun ? Ou ses divergences internes l’amèneront-il à assister, sans bouger, à l’anéantissement d’une partie, conflictuelle peut-être mais partie intégrante cependant, de lui-même ? Le christianisme, en se taisant, participera-t-il, à terme,  à sa propre et entière destruction ? Ou, « en protestant »,  conservera-t-il un mouvement potentiellement capable de le renouveler ?

 

 « Quoi qu’il doive en être de l’issue, le fait chrétien est engagé dans un processus de mutation historique profond par rapport au christianisme hérité des siècles de « chrétienté ». »[17]

 


[1]  J. Baubérot, J. Béguin, F. Laplanche, E. Poulat, C. Tardits, J.P. Vernant, Cent ans de sciences religieuses en France à l’École Pratique des Hautes Études, Paris, Cerf, 1987, pp.49-78 : «  « Sciences religieuses », l’expression est, en France, une appellation contrôlée et comme une marque déposée, même si l’usage actuel n’en montre pas grand souci. C’est en effet le nom donné en 1885 par le parlement français à la Ve section de l’Ecole pratique des hautes études dont il décidait la création, voici un siècle (…), sciences religieuses (…) tout comme on dit alors « sciences politiques » et « sciences sociales ». Le décret présidentiel du 30 janvier 1886 institue la cinquième section de l’EPHE dite des sciences religieuses. Un de ses buts est « la compréhension des phénomènes religieux introduite par l’approche sociologique ». Louis Liard, vice-recteur de l’Académie de Paris s’exprime sur la section lors de son dixième anniversaire : « En organisant la Section des sciences religieuses, l’Etat (…) voulait grouper un certain nombre d’esprits compétents, élevés, sincères, capables d’envisager les phénomènes religieux en eux-mêmes, avec les procédés de la méthode historique et critique ( …) ». Après plus d’un siècle d’existence, « la section a vu le nombre de ses chaires passer de douze (la moitié pour le christianisme) à quarante-trois (dont moins du tiers pour les « christianologues »). Elle s’est ouverte, réellement, à tous (…), elle a trouvé un public (…), elle a délivré un diplôme recherché, sanctionnant des thèses de haut niveau. Elle a fondé une Bibliothèque de sciences religieuses qui, en 1916, arrivait à son trentième volume. Et depuis, son histoire continue… »

[2] Langlois C., Dubois J.D., Présentation de la Section des Sciences religieuses, Site internet de l’École Pratique des Hautes Études, interrogé le 04 janvier 2000, http://www.ephe.sorbonne;fr/presentsr.htm

[3]E. Durkheim, Formes élémentaires, 1912, p.595, in J. P. Willaime,  Sociologie des religions, Paris, PUF, 1995, p. 18.

[4]  P. Liégé, Christianisme, in Dictionnaire de l’Histoire du christianisme, Paris, Encyclopédia Universalis et Albin Michel, 2000, p. 269.

[5]V. Zuber, La tolérance au XVIe siècle ? Un siècle d’historiographie, Historiens-Géographes, n° 343, p. 291:  « Au XXe siècle, après le formidable ébranlement des convictions qu’a représenté la seconde Guerre mondiale avec son cortège de crimes jusqu’alors impensables, les termes ne peuvent définitivement plus se  poser dans une dialectique réductrice entre la Vérité et l’Erreur. A défaut de pouvoir persuader ou éliminer son adversaire religieux, il faut donc le tolérer et par un processus de pensée nouveau, transformer cette tolérance nécessaire en vertu agissante. Il est donc plus que jamais nécessaire en tant qu’historiens de relativiser notre appréciation de la tolérance lorsque nous nous penchons sur le passé, et en particulier sur la passé des confessions chrétiennes, alors que celui-ci continue malgré tout à nous interpeller souvent tragiquement. »

[6] P. Liégé, Christianisme, Dictionnaire de l’Histoire du christianisme, Paris, Encyclopédia Universalis et Albin Michel, 2000, p. 270.

[7]  P. Liégé, Christianisme, Dictionnaire de l’Histoire du christianisme, Paris, Encyclopédia Universalis et Albin Michel, 2000, p. 260.

[8]S. Kot, Le mouvement antitrinitaire au XVIe et au XVIIe siècle, in Becker B. (sous la direction de, professeur à l’université d’Amsterdam), Autour de Michel Servet et de Sébastien Castellion, Haarlem, I. D. Tjeenk Willink & Zoon N. V., 1953, pp. 16-17.

[9]  B. Blandre, Les Témoins de Jéhovah, Paris, Brepols ; Maredsous : Maredsous, 1991, Bibliographie, p. 8.

[10]  M. Introvigne, Les Témoins de Jéhovah, Paris, Cerf, Montréal, Fides, 1990, p. 11.

[11]  C. Langlois, J.D. Dubois, Présentation de la Section des Sciences religieuses, site internet de l’École Pratique des Hautes Études, interrogé le 04 janvier 2000.

[12]  B. Blandre, Les Témoins de Jéhovah, Paris, Brepols ; Maredsous : Maredsous, 1991, Bibliographie, p. 8.

[13]  M. Introvigne, Les Témoins de Jéhovah, Paris, Cerf, Montréal, Fides, 1990, p. 11.

[14] Témoins de Jéhovah : Etude sociologique, Témoins de Jéhovah, contact SOFRES Mona Harari/Wandrille Riblier, tél. 01.40.92.47.62- 44.45, Réf. : MHI-MVN 98-204, Témoins de Jéhovah, rapport de synthèse octobre 1998, Fiche méthodologique. 

[15] Audit financier des Associations des Chrétiens Témoins de Jéhovah de France, cabinet Grant Thornton, Melton Street, Euston Square, Londres NW1 2EP, Consistoire national des Témoins de Jéhovah, 2, rue Saint-Hildevert, 27400 Louviers, présenté à la Maison de la Mutualité, Paris, le 11 février 2000. 

[16]  The Watch Tower, December I, Brooklyn, N. Y., 1913, p.359-371 [5365], 1913 – Annual report, Watch Tower Bible and Tract Society, sous le titre « Class extension work »: « We trust that this noble work will go on, and that the Lord’s blessing will continue with it. We sometimes term it the « Layman’s Home Missionary Movement. » »

[17] P.  Liégé, Christianisme, Dictionnaire de l’Histoire du christianisme, Paris, Encyclopédia Universalis et Albin Michel, 2000, p. 271.

 

Référence universitaire pour citer cet article :

- Barbey Ph., Le christianisme unitarien en France : Une étude sociologique, Focus sociologique, consulté le [date].

 

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